Chroniques vingt-et-unièmes — Accepter le passé — 31 mai 2021

Accepter le passé C’est un silence, non pas gêné mais surpris, qui s’installe à la suite des dernières paroles de Ludivine. Personne dans la petite assemblée ne s’attendait à ce qu’elle parle en termes aussi élogieux de l’œuvre d’Agatha Christie. Et pourtant, Agatha Christie, Ludivine vient de la découvrir. Elle dévore depuis plusieurs semaines l’anthologie de l’écrivaine britannique que son père à reléguée à la bibliothèque de l’étage, non loin de sa chambre. Une passion subite, peut-être éphémère comme il en est de toutes les passions, à tel point qu’elle en oublie parfois de répondre aux SMS et, plus ennuyeux, de suivre en ligne ses cours d’arts du spectacle. Ce qu’elle apprécie dans les romans et nouvelles de cette femme – et qu’elle s’est efforcée d’expliquer à l’assistance médusée – c’est, outre la finesse des enquêtes policières qui constitue évidemment le premier attrait pour tout amateur de polar, la description anthropologique de la société occidentale de l’entre-deux-g...