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Affichage des articles du avril, 2023

Chroniques vingt-et-unièmes — Laisser choisir l’autre — 24 avril 2023

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  Laisser choisir l’autre Dans le parc André-Malraux de Nanterre, Benoît observe. Ludivine devrait le rejoindre, mais rien n’est jamais sûr avec elle. Il a l’impression qu’elle mène sa vie comme un oiseau sur une branche, sautillant de l’une à l’autre quand l’ennui l’emprisonne. Et justement, en tant qu’oiseau, elle devrait s’intéresser comme lui aux corvidés, cette famille regroupant entre autres les corneilles, les choucas, les corbeaux et les pies.  Étonnants les corbeaux ! Selon une étude réalisée à l’Université d’Osnabrück en Basse-Saxe, leur intelligence est équivalente à celle des chimpanzés avec un cerveau seulement de quatorze grammes ! Contre quatre cents grammes pour un chimpanzé. Mais d’où viendrait cette intelligence ? On peut évidemment prétendre que les neurones des corbeaux sont plus petits que ceux des chimpanzés et qu’il en existe ainsi beaucoup plus au millimètre carré. Mais des chercheurs avancent d’autres pistes : parmi un certain nombre d’espèces d’oiseaux observé

Chroniques vingt-et-unièmes — Trouver le compromis — 17 avril 2023

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  Trouver le compromis —  Je ne m’attendais tout de même pas à cette décision du Conseil Constitutionnel. On a l’impression qu’il est déconnecté de l’actualité, qu’il n’a rien suivi des événements, qu’il n’a pas vu les manifs dans la rue… Et comme un voleur, Macron promulgue la loi aussitôt dans la nuit. Xavier prend le temps de réfléchir à ce que vient de dire Sébastien. Celui-ci paraît très remonté. Il semble que pour lui la semaine a été longue dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel. —  Je pense qu’il veut passer à autre chose… commente-t-il doucement. —  Mais il ne passera pas à autre chose, la lutte va continuer ! —  Oui, oui, les luttes sont faites pour continuer. On entend toujours dire « On ne lâchera rien », « On ira jusqu’au bout ». Mais on ne sait pas quel est le bout en réalité… —  Il n’y a pas vraiment de quoi plaisanter. Les grèves sont simplement suspendues, elles vont reprendre ! (Sébastien paraît hors de lui.) —  Dans notre pays, une grève n’est jamai

Chroniques vingt-et-unièmes — L’histoire aux historiens ? — 10 avril 2023

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  L’histoire aux historiens ? —  L’Assemblée nationale n’a pas voté la réforme des retraites, mais elle a au moins voté le génocide en Ukraine.  Thomas est en train de découper le canard à l’orange sur la table dressée pour deux en ce dimanche de Pâques. Il hoche la tête et rétorque à son père, le professeur Marcus : —  Ah, l’Holodomor… Tu connais mon sentiment sur le sujet en tant qu’historien… —  Tu ne considères pas que c’est un génocide ?  —  Là n’est pas la question. Les députés ont déjà suffisamment de travail et je me demande pourquoi ils veulent s’occuper d’histoire. Laissons l’histoire aux historiens ! Trouverais-tu normal que les historiens votent des lois à la place des députés ? Thomas a une position bien affirmée contre les lois mémorielles. Mais le débat n’est pas nouveau, il existe depuis la loi Gayssot de 1990 qui a créé le délit de négationnisme de la Shoah. Et il s’est amplifié avec les lois des années 2000 sur la reconnaissance du génocide arménien et l’assimilation

Chroniques vingt-et-unièmes — Tant qu’il y aura de la demande — 3 avril 2023

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  Tant qu’il y aura de la demande —  En fait, je ne suis pas vraiment surprise… Émeline a rangé sa tablette et prononcé ces paroles en se postant devant Xavier. —  Surprise de quoi ? —  Je parle de l’agitation à propos de la réforme des retraites. Rappelle-toi quand en 2004 Raffarin a voulu supprimer le lundi de Pentecôte comme jour férié, avec en contrepartie le versement d’une « contribution autonomie » de 0,3 % par les entreprises… Cette agitation, Xavier s’en souvient très bien aussi. C’était après la canicule de 2003 et il fallait faire quelque chose pour financer la dépendance. Cela devait être la « journée de solidarité ». On sortait d’une période où, grâce au passage aux 35 heures, les salariés venaient de bénéficier de l’équivalent de dix jours supplémentaires. Et qu’est-ce qu’on demandait ? De restituer un jour. Pourtant, devant le concert de protestations, le projet a été abandonné. Ou plutôt Raffarin a coupé la poire en deux : il a laissé les entreprises s’organiser comme b