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Affichage des articles du septembre, 2021

Chroniques vingt-et-unièmes — Éviter la catastrophe — 27 septembre 2021

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  Éviter la catastrophe On a célébré les cinquante ans d’Émeline, une étape qu’elle a prise avec philosophie. Comme toujours, elle souhaiterait avoir dix ans de moins mais elle sait que dans dix ans, la même pensée l’habitera. Alors autant s’accommoder du présent avant de le regretter. Le temps était clément et on a pu dresser la grande table dans le jardin pour accueillir la famille et les amis, dont certains qu’elle et Xavier n’avaient pas rencontré depuis le début du confinement. Au début, les conversations furent un peu crispées, les mots semblaient en apesanteur. Planait sur l’assistance le sujet que chacun évitait de lancer le premier : la vaccination. Il y a ce constat qu’en famille ou entre amis, dès que ce thème est abordé, on peut se croire revenu au temps de l’affaire Dreyfus, entre « pour » et « anti ». Avec la peur de se retrouver dans la même situation que le dessin de presse de Caran d’Ache : « Ils en ont parlé ». Mais comme l’incontournable chenille qu’on se promet d’év

Chroniques vingt-et-unièmes — Question d'horizon — 20 septembre 2021

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  Question d'horizon Un week-end à la mer sous un vent qui se charge maintenant des métamorphoses de l’automne. Pas un week-end de détente. Pour Hamid et Houessou, la mer reste une masse sombre et épaisse, un mur mouvant de séparation entre souffrance et espoir. Le premier l’a découverte entre les côtes de Turquie et l’île de Lesbos, avec trente autres migrants sur un fragile zodiac sorti d’une décharge et rafistolé de toutes parts. Un voyage au-delà des cauchemars.  Le second s’était seulement frotté à sa vue sur la grève de Porto-Novo, sans s’y aventurer. Embarqué en Libye, il a dû, lui aussi, affronter le monstre jusqu’à Lampedusa. Ce sont des chemins qu’on ne peut oublier, qui tissent des souvenirs communs et des liens. Ils ont mutualisé leurs maigres fonds afin de se payer les sandwichs et Flixbus. Pour quatre-vingts euros aller et retour, le car les a menés jusqu’à Dunkerque. De là, un entrepreneur du bâtiment les a convoyés en stop pour les déposer non loin de la « Jungle »

Chroniques vingt-et-unièmes — Le consensus — 13 septembre 2021

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  Le consensus La rentrée politique s’accélère malgré l’été qui paresse.  Jean-Bernard est toujours rigoureux dans ce qu’il entreprend. La raison en est peut-être l’éducation rigide qu’il a reçue dans un internat ainsi que son parcours militaire. Avant de conforter ou de détruire l'idée naissante qu’il a de son possible champion pour l’élection présidentielle, il tient à examiner et à évaluer les professions de foi de tous les candidats. Pour en parler à Élise et, pourquoi pas, à Quentin qu’il parviendra peut-être à détourner de sa conviction de ne pas voter (sous influence, sans doute, de cette chipie de Ludivine).  Il a pour cela ouvert un registre afin d’y noter les déclarations et les « petites phrases ». Mais le spectre est large et il convient de procéder par ordre. En tête figurent les deux favoris que tous les sondages, pour l’instant, donnent présents au second tour si celui-ci avait lieu demain : Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le président en exercice n’a pas encore fa

Chroniques vingt-et-unièmes — Apaiser la discussion — 6 septembre 2021

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  Apaiser la discussion —  Ce pinot gris, en cette fin d’été, me semble tout à fait approprié pour accompagner ce sublime soufflé aux pommes, murmure Xavier en levant son verre. Sébastien acquiesce en silence, le soufflé aux pommes, il ne s’en lasse pas, et Romane s’est encore surpassée. C’est une spécialité héritée de sa grand-mère et dont elle ne divulgue la recette qu’avec parcimonie, « aux gens de confiance seulement ». Et rien ne remplace ce vin d’Alsace, qu’il vient de servir bien frais, pour le mettre en valeur.  La journée a été belle, les deux hommes en ont passé une large fraction à enchaîner des parties d’échecs dans le jardin, des parties de retrouvailles après deux mois d’interruption, et cette fois-ci, ce qui n’est pas courant, au domicile de Sébastien.  Xavier poursuit : —  Tu l’as très bien choisi. Ni trop sec, ni trop moelleux, il est le parfait équilibre du vin blanc. Il était connu avant sous le nom de tokay, rien à voir avec le vin hongrois du même nom, trop liquore