Chroniques vingt-et-unièmes — Une exception — 11 août 2025


 Une exception


Tout ça pour ça.

Six mois de négociations en coulisses avant d’aborder le conclave de Bougival.

Et au terme des discussions, un accord, mais quel accord !

Jean-Bernard ne l’a pas bien compris, cet accord. Une « usine à gaz » de son point de vue. Il instaure un « État de Nouvelle-Calédonie » et une « nationalité calédonienne », mais les habitants resteront dans l’État français et conserveront la nationalité française. Il y aura toutefois la possibilité de transférer des compétences régaliennes comme la police, la justice ou la monnaie.

Au final, un « État dans la République » accompagné d’un « pacte de refondation économique », notamment pour relancer l’activité de transformation du nickel, le territoire renfermant 20 à 30 % des réserves mondiales. Une avancée, certainement, vers une plus grande autonomie de l’île, et peut-être même l’indépendance, mais sur place, coup de théâtre, le Front de libération nationale kanak socialiste – le FLNKS – le rejette « formellement » après un congrès extraordinaire « en raison de son incompatibilité avec les fondements et acquis » de sa lutte, dénonçant également un « accord à marche forcée proposé par Macron ». Et en filigrane, probablement, la crainte du dégel du corps électoral figé pour l’instant à la situation de 1998 lors de la signature des Accords de Nouméa.

Trop de lignes rouges parallèles qui ne se rencontrent jamais.

Manuel Valls, l’instigateur du processus de Bougival, va reprendre son bâton de pèlerin et se rendre à nouveau sur le « Caillou » pour comprendre, comme il le dit, « les raisons peu explicites de ce choix incompréhensible » et essayer de recoller les morceaux. Mais lesdits morceaux semblent être mus par des forces centrifuges et il faudra beaucoup d’énergie pour y parvenir.

Et sans doute en sera-t-il de même avec le sommet prévu en Alaska entre Poutine et Trump. Entre quelqu’un qui aimerait tenir sa promesse de mettre fin à la guerre en vingt-quatre heures, et un autre qui joue la montre. Après tout, Poutine a encore quelques mandats devant lui, alors que pendant ce temps les présidents américains vont se succéder. L’Europe qui observe, et évidemment l’Ukraine, voudraient « peser », redoutant un nouveau Yalta entre les deux dirigeants forts de la planète. Mais l’équation est toujours la même : « Combien de divisions ? » Et elle le restera tant que l’homme sera l’homme. 

En fait, il existe plus de raisons de ne pas s’entendre que de s’entendre. Toute l’histoire n’en est qu’une illustration et l’amélioration constatée en la matière sur le continent européen depuis quelques décennies ne semble être qu’une exception, à la fois dans le temps et dans l’espace.

Espérons que je me trompe, pense Jean-Bernard.

Il ouvre en grand la fenêtre de la cuisine plongeant sur le jardin. Le temps s’est rafraîchi ces derniers jours mais une nouvelle canicule se prépare.

Il frissonne : la fraîcheur ne sera peut-être bientôt plus qu’une exception, dans le temps et dans l’espace…



FIN


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Auteur chez L'Harmattan de VarIAtions (IA : le puzzle de notre futur s'assemble)

Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes

11 août 2025

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