Chroniques vingt-et-unièmes — Un modèle différent — 28 juillet 2025


 Un modèle différent


—  Alors, c’est la mobilisation générale ?

—  Pour la Défense ? rétorque Sébastien à Xavier. L’annonce de Macron lors de son allocution ?

—  Non, je parle de la CGT qui décrète la mobilisation générale pour la rentrée… Avec toutes ces mobilisations générales, on s’y perd…

—  Ah, d'accord… Mais pour celle de la CGT, il y a vraiment de quoi ! On demande tout aux pauvres, mais rien aux riches !

—  C’est une façon de voir les choses… Souviens-toi quand même que l’ensemble des dépenses publiques représente pratiquement 60 % du PIB. Ce n’est pas anodin comme redistribution. Tu voudrais arriver à combien ?

—  Arrête, fait Sébastien d’un ton agacé. De toute façon, la Cinquième République va très mal finir !

—  Là, tu as raison…

—  Ah ! tu me rejoins au moins sur ce sujet.

—  Oui, parce que je me réfère au passé.

—  Explique…

—  Depuis la Révolution, on a connu seize régimes et ils ont tous mal fini.

—  Comment ça ?

—  Compte avec moi. Après la chute de la monarchie, il y a eu la période constitutionnelle, la Convention girondine, la Terreur, la Convention thermidorienne, le Directoire, le Consulat, le Premier Empire, la Restauration, les Cent-Jours, la Seconde Restauration, la Monarchie de Juillet, la Deuxième République, le Second Empire, la Troisième République, l’État français de Pétain, la Quatrième République, et tous ces régimes, sans exception, ont mal fini. 

—  Mouais… quoique pour la Convention thermidorienne, je ne suis pas de cet avis. Elle s’est autodissoute pour laisser la place au Directoire…

—  Je te l’accorde, Sébastien, mais pour conclure, l’anomalie serait que la Cinquième République ne finisse pas mal…

—  C’est vraiment cynique ce que tu dis…

—  Mais non, pas du tout, ce n’est qu’un simple constat. Et si je compare la France à l’Angleterre, celle-ci a fait sa Glorieuse Révolution en 1689, et depuis, il n’y a pas eu de changement de régime. Ça dure depuis plus de trois siècles ! C’est un modèle différent…

—  Restons chez nous si tu le veux bien. La loi Duplomb, par exemple. Un minimum de démocratie serait de respecter la pétition. Deux millions de signatures à ce jour ! La seule issue, c’est de ne pas promulguer la loi !

—  Je te fais remarquer tout de même que 66 millions n’ont pas signé…

—  Qui ne dit mot consent ! trépigne Sébastien.

—  C’est la bonne question… Consentir à quoi ? À la loi Duplomb ou à la pétition ?

—  Si tu vas par là… Et toi, tu n’as pas signé ?

—  Non, car c’est un sujet complexe que ne connais pas assez bien. Je vais reprendre les propos d’un agriculteur interviewé. Lui ne signerait pas une pétition concernant la pêche parce qu’il ne connaît pas assez bien cette activité, et il demande à ceux qui ne connaissent pas bien les problématiques de l’agriculture de s’abstenir de signer.

—  Mais s’il fallait attendre de tout connaître, on ne ferait jamais rien !

—  Tiens ! s’exclame Xavier, tu mets le doigt sur un point important. Pour chaque domaine, il existe des experts. Je ne suis peut-être plus dans le coup mais j’ai tendance à faire confiance à ceux qui connaissent. J’ai horreur que la politique s’en mêle. Mais surtout, apaisons les tensions ! Je pense à Sandrine Rousseau qui considère l’argent gagné par les agriculteurs comme de l’« argent sale ». Ce genre de déclaration n'améliore pas la situation. On doit modérer son vocabulaire. Si on abroge la loi Duplomb, les agriculteurs sont de nouveau dans la rue. Retour à la case départ !

—  En tout cas, j’espère qu’on va arriver à bloquer le pays le 10 septembre. C’est ce que demande un collectif de syndicats et d’associations…

—  Ah ! Bloquer le pays ! Comme s’il n’y avait pas assez d’immobilisme ! À moins qu’il ne s’agisse que de bloquer l’immobilisme…

—  Tu n’as pas fini avec ces jeux de mots faciles ? Et les taxes de 15 % de Trump, tu en penses quoi ? Bayrou a parlé d’un « jour sombre »…

Il se fait tard après cette balade qui a suivi le dîner. L’horizon est rougeoyant et l’obscurité s’étend.

—  Tu as raison, l’atmosphère est de plus en plus sombre. Mais il fera jour demain ! On trouve toujours des solutions…



FIN


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Auteur chez L'Harmattan de VarIAtions (IA : le puzzle de notre futur s'assemble)

Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes

28 juillet 2025

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