Chroniques vingt-et-unièmes — Pas de catastrophisme — 10 mars 2025
Pas de catastrophisme
— Alors la conquête de Mars, c’est pour bientôt ? demande Louis en croquant dans son sandwich.
— Mars, ce n’est pas pour bientôt, parce qu’on oublie toujours qu’il y a pour l’instant un problème insurmontable, c’est celui des radiations cosmiques, et tu le sais aussi bien que moi !
L’air est pur et amène des senteurs de jacinthes vers le banc du Jardin des Plantes où ils sont installés pour la pause du déjeuner. Louis aime provoquer le professeur Marcus sur la conquête de la planète Mars. Bien sûr, la véritable difficulté, ce sont les radiations. Comment un organisme humain pourrait-il les supporter durant tout un voyage de huit mois dans l’espace ? À l’heure actuelle, la seule solution pour s’en prémunir serait de doter le vaisseau d’une coque en plomb de trois mètres d’épaisseur, une coque d’un tel poids qu’il ne pourrait jamais s’affranchir de la gravité terrestre.
— Et puis toutes ces paroles – et ce ne sont pas les premières –, ce n’est que du vent, enchaîne Marcus. Il ne s’est passé que 42 ans entre la première traversée de l’Atlantique en avion par Lindbergh et l’envoi de trois astronautes sur la Lune. Et depuis ? Plus rien, ou quasiment rien. On fait des ronds dans l’espace avec la station spatiale internationale, à 300 kilomètres de la Terre. On y répète toujours les mêmes expériences. C’est pour ça que je ne crois pas beaucoup aux annonces de Trump d’envoyer des hommes sur Mars pour, soi-disant, poursuivre la « destinée manifeste dans les étoiles » de l’Amérique et y « planter la bannière étoilée ». Cela ne me fait ni chaud, ni froid !
— Bien. Voilà qui est dit. Par contre, la menace de l’astéroïde 2024 YR4, qu'est-ce que tu en penses ? On en parle beaucoup en ce moment.
Petit rire de Marcus :
— L’astéroïde découvert en décembre dernier, de quelques dizaines de mètres de diamètre ? On est en train d’évoluer sur le sujet : il y a un mois, la NASA estimait qu’il avait 2,3 % de chances d’entrer en collision avec la Terre en 2032. Mais depuis, les chercheurs ont affiné le chiffre à la baisse : la probabilité qu’il percute la Terre serait maintenant de 0,001 %. C’est quand même une sacrée différence ! En fait, c’était du catastrophisme. Il y en a beaucoup par les temps qui courent, et pas que sur ce sujet…
— C’est sûr…
— Par contre, je me suis régalé avec la « parade des planètes ». Tu te souviens que j’ai un télescope sur mon balcon…
Marcus fait allusion à l’alignement exceptionnel de sept planètes que l’on pouvait apercevoir depuis la Terre quelques jours auparavant juste après le coucher du Soleil et en regardant vers l’ouest. En l’occurrence Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune regroupés dans l’espace pour un observateur de la Terre. Un événement rare.
— Et Pluton ? fait remarquer Louis.
— Tu n'as pas oublié que depuis le 26e congrès de l’Union astronomique internationale de 2006, Pluton n’est plus considérée comme une planète…
— Je sais, elle trop petite. Plus petite que la Lune. J’y étais à ce congrès… D’ailleurs, nous n’étions pas nombreux : 400 sur 6 000 membres. Tiens ! Je pense à une chose : beaucoup d’astronomes américains aimeraient que Pluton redevienne une planète pour la bonne raison qu’elle a été découverte en 1930 par un Américain. Une sorte de fierté nationale en quelque sorte… Mais Donald Trump pourrait y remédier en la requalifiant d’office. Il a bien renommé le golfe du Mexique en golfe d’Amérique !
— Ah non ! Pas de catastrophisme !
FIN
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Auteur chez L'Harmattan de VarIAtions (IA : le puzzle de notre futur s'assemble)
Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes
10 mars 2025
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