Gauthier Dambreville

  Agir —  Pas un jour sans un fait divers, grogne Sébastien, et de plus en plus avec des adolescents. On devrait s’interroger sur les causes. La société est défaillante… —  Elle est surtout plus tolérante…, répond Xavier. —  Comment ça, plus tolérante ? —  Oui, plus tolérante. Dans le passé – je parle de l’Ancien régime –, ceux qui attaquaient dans la rue étaient pendus sans autre forme de procès. À présent, on peut être jugé une dizaine de fois au tribunal pour des actes d’agression. Apparemment, les peines, quand il y en a, ne sont pas dissuasives. On a vu récemment le cas d’un homme de 22 ans qui a fracassé la mâchoire et le nez d’un médecin et qui a été condamné à seulement trois semaines de travaux d’intérêt général… —  Tu voudrais revenir à l’ancien temps où on pendait les gens ? —  Non, je n’ai pas dit ça, mais entre le fait de pendre les gens et une presque impunité, il doit exister un juste milieu. D’accord, il y a des rappels à la loi, mais i...

  Une bonne nouvelle   La planète est une cocotte chauffée à blanc, toujours prête à exploser. Guerre en Ukraine, au Proche-Orient, au Soudan, au Congo, en Birmanie… Je ne crois pas que depuis le début de l’ère chrétienne, le monde ait connu un jour sans guerre, foi d’historien… Ce sont les pensées ordinaires de Thomas quand il fait son jogging. Et le monde peut-il écouter la voix de l’Europe, jamais avare de diffuser des messages de paix et de donner des leçons sur le respect des droits de l’homme ? Difficile en y réfléchissant bien. Les pays d’Europe ont fait leur siècle des Lumières, ce qui ne les a pas empêchés au siècle suivant de se conduire en États voyous en réalisant la conquête du globe dans des conditions horribles. C’est certainement la raison pour laquelle, 60 ans après la décolonisation, leurs injonctions ne portent plus.  C’est peut-être aussi ce qui explique pourquoi ils sont si absents des pourparlers bilatéraux entre Trump et Poutine. Ainsi que les criti...

  Parler d'autre chose   En quittant la salle de cinéma, Ludivine est abasourdie. Ce film pour elle est inracontable. Qu’on ne compte pas sur elle pour le faire ! Quentin s’exclame : —  On m’avait dit qu’il s’agissait d’une comédie musicale. C’est tout de même plus que ça ! Le long métrage Emilia Perez de Jacques Audiard cumule les nominations, aux Golden Globe, aux Césars, aux Oscars. Étonnant pour un scénario totalement décoiffant où il est question de parcours de transition de genre sur fond de narcotrafic et de corruption généralisée au Mexique. Encensé à peu près dans tous les festivals, il est toutefois rejeté par certains membres de la communauté LGBT+ qui le qualifient de « portrait profondément rétrograde d'une femme trans ». De son côté, la population mexicaine dans son ensemble n’y voit qu’une caricature de son pays alors que le réalisateur aurait pu, s'il avait voulu, mettre en avant toutes ses merveilles. Le quotidien espagnol El Pais , lui, le résume en « a...

  Expliquer l’inexplicable L’étau semble se resserrer. Hamid fait part de son inquiétude à Émeline dans le restaurant où il travaille comme chef de rang, et qui l’après-midi fait office de bistrot. Il prend en exemple l’opposition qui monte en Allemagne contre les migrants après la suite d’attaques au couteau qu’elle vient de connaître, et en France la dernière directive envoyée par le ministre de l’Intérieur aux préfets. Alors Hamid craint pour le renouvellement de son titre de séjour. Mais ce qui le sauvera peut-être, c’est la situation en Afghanistan qui se dégrade de jour en jour. Comment pourrait-on y renvoyer un migrant ? De surcroît si c’est une femme ? Car il pense à l’une de ses cousines parvenue sur le territoire français il y a moins d’un mois après une somme de péripéties qu’on ne peut décrire. Elle a fui les mesures qui s’accumulent sur son genre : outre l’interdiction de fréquenter les lieux d’éducation et la privation de toutes les libertés, le fait de ne plus pouvoi...