Chroniques vingt-et-unièmes — L’intérêt général — 27 janvier 2025
L’intérêt général
Jean-Bernard éteint BFM, après avoir regardé quelques minutes CNews, LCI et France Info. Il se sent las. Donald Trump, Donald Trump et toujours Donald Trump. Le monde semble suspendu à chacune de ses paroles prises comme des oracles. Dérision, fascination ou rejet, son nom est sur toutes les lèvres.
Le monde ne va tout de même pas s’arrêter de tourner.
Car les autres sujets ne manquent pas.
Par exemple, le Budget. Sera-t-il voté ? Il a certes été adopté au Sénat, mais le PS, malgré les concessions qu’il a obtenues, va-t-il censurer le gouvernement ? LFI ne ménage pas ses attaques. On pourrait revenir à une situation de deux gauches irréconciliables, selon l’expression de Manuel Valls, sauf avant des élections législatives…
Et l’Abbé Pierre… La chute d’une icône. À croire, si on écoute tous ces témoignages, que son activité caritative n’était qu’une couverture pour arriver à ses fins. La fondation du même nom a prévu de changer d’appellation. Elle deviendra la « Fondation pour le logement des défavorisés ». Ce qui donne des idées à certains franchisés du réseau Stéphane Plaza dont la clientèle se détourne en réaction à des actes infiniment moins répréhensibles de son créateur.
C’est le règne de l’émotion.
Ensuite tous ces faits divers ayant comme origine les trafics de drogues et le blanchiment qui en découle. Mais s’il y a trafic, c’est que la demande est forte. La France, avec un million de consommateurs de cocaïne, est la première dans ce domaine, un palmarès dont elle pourrait se passer. Selon le président de fédération française d’addictologie, la poudre blanche s'assimilerait à un produit de consommation courante, avec tout un écosystème de livraison à domicile aussi bien organisé que celui des pizzas. Les sociologues vont-ils se pencher sur ce phénomène et proposer des solutions pour en tarir les sources ?
Et Jean-Bernard a été peiné de la mort de Jean-François Kahn, journaliste atypique, à la parole franche, fondateur de deux hebdos qui ont bousculé les idées de l’époque, l’inventeur du « centralisme révolutionnaire », selon François Bayrou, un oxymore pour certains, mais après tout, n’était-ce pas ce même journaliste qui évoquait l’extrême centre ? Et puis, peut-on être choqué aujourd'hui quand le président d’Argentine, Xavier Milei, « l'homme à la tronçonneuse », se dit anarchocapitaliste ?
Le plus inquiétant, cependant, est sans doute la diminution de la natalité en France. En ce domaine, l’année 2024 a été la plus faible depuis 1945. Mais Jean-Bernard qui a parcouru tous les continents sait que cette situation n’est pas isolée. On la rencontre ailleurs en Europe et hors d’Europe. C’est un problème de longue date en Allemagne et en Italie, mais aussi en Russie où l’on craint un « effondrement démographique ». Il est difficile d’imaginer que ce pays – le premier du monde par son étendue – est à peine deux fois plus peuplé, avec 143,6 millions de ressortissants, que la France.
Préoccupation identique au Japon qui a validé pour 2025 un budget record afin de faire face notamment au vieillissement de la population consécutif à la baisse de la natalité.
Et la Chine, perdant maintenant deux millions d’habitants par an, qui a mis en place une sorte de « police menstruelle » dans le but de vérifier si les femmes ont bien pris toutes les dispositions pour avoir des enfants…
Sans parler de la Corée du Nord, jamais avare de solutions radicales, qui, confrontée au même phénomène de chute des naissances, envoie en camp de travail les couples divorcés, coupables d'un « acte anti-socialiste », à des fins de rééducation. Une mesure qui n’est pas de nature à inciter au mariage…
On craint pourtant la surpopulation sur terre qui est la cause de bien des maux, songe Jean-Bernard. Mais c’est toute la différence entre l’intérêt général de la planète, qui n’a jamais existé, et l’intérêt de chaque pays. Ce qui ramène à l'esprit de Jean-Bernard l'image de Donald Trump. Avec son slogan « America first » ou « l’Amérique d’abord », il s'est contenté de dire ce qu’une grande partie de l’électorat attendait.
Oui, on est très loin de l’intérêt général de la planète…
Mais pourquoi je pense encore à Donald Trump ?
FIN
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Auteur chez L'Harmattan de VarIAtions (IA : le puzzle de notre futur s'assemble)
Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes
27 janvier 2025
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