Chroniques vingt-et-unièmes — Prévisions et science-fiction — 4 novembre 2024


 Prévisions et science-fiction 


  —  Ukraine, Proche-Orient… Si Trump est élu, je me demande si cela va changer quelque chose…, soupire Élise.

—  Pas forcément. La politique extérieure des États-Unis ne se change pas d’un claquement de doigts. Et de toute façon, puisque tu parles du Proche-Orient, le problème n’est pas là.

Venant de prononcer ces paroles, Jean-Bernard attend la réaction de sa femme.

—  C'est-à-dire ?

—  C’est un problème sans solution… Comme bien d’autres !

—  Carrément !

—  Oui. D’un côté, un État, Israël, qui veut survivre. De l’autre, Gaza, dirigé par le Hamas, lequel est soutenu par l’Iran et qui n’imagine l’avenir que par la l'éradication d’Israël.

—  D’accord, mais une fois qu’on a dit ça…

Jean-Bernard poursuit :

—  La création d’un État d’Israël au Proche-Orient en 1948 ne pouvait être que source de guerre. Et c’est bien ce qui s’est passé. Chasser des populations qui vivaient là depuis des millénaires, même si les Juifs occupaient la région avant la destruction du Temple par Titus en 70, était, si j’ose dire, une hérésie.

—  Mais les Juifs n’y sont pour rien !

—  Bien sûr qu’ils n’y sont pour rien ! La faute en revient encore une fois aux Européens qui les ont massacrés et qui donnent aujourd’hui de grandes leçons « pour éviter l’escalade ». Par exemple, Emmanuel Macron – pour ne citer que lui – a déclaré que Benyamin Netanyahu devrait se souvenir que l’État d’Israël a été créé sur décision de l’ONU. Certes, mais cette création n’est que la conséquence de la Shoah perpétrée en Europe.

Sourcils froncés d’Élise.

—  Mais alors, si ce n’est pas au Proche-Orient qu’il fallait créer l’État d’Israël, ç’aurait dû être où ? Je me rappelle qu’à une certaine époque, on avait évoqué l’Ouganda ou l’Argentine....

—  Mais en Allemagne, pardi ! s’exclame Jean-Bernard. On aurait évacué les populations locales – ça s’est bien fait quand, à la suite de la guerre, la Pologne a avancé vers l’ouest jusqu’à la ligne Oder-Neisse – et c’était le moins qu’on pouvait demander à l’Allemagne après le génocide commis. Une réparation en quelque sorte, elle n’avait sur le moment aucun moyen pour s'y opposer. Et il y avait une logique : ce sont surtout les Ashkénazes, vivant essentiellement en Europe et qui représentaient tout de même avant la guerre, qui ont souffert. Sans oublier que le yiddish emprunte beaucoup de mots au vieil allemand. Mais curieusement, cela n’a jamais été évoqué. Je suis persuadé que si cela s’était produit, Israël serait aujourd’hui l’un des États les plus puissants d’Europe.

—  On nage en pleine science-fiction…

—  Peut-être, mais il y a des moments où on ne fait plus la différence entre réalité et science-fiction. Regarde ce qui se passe avec l’IA…

—  Oui… En attendant, j’aimerais bien être à demain pour savoir qui va l’emporter de Harris ou de Trump.

—  Pas la peine de se vieillir… répond Jean-Bernard en se levant du canapé où le couple était installé. On annonce partout que le score va être très serré et qu’il y aura recomptage pendant des semaines. Ce n’est jamais bon pour la démocratie, ce genre de choses. Heureusement, les médias ont une grande propension à se tromper dans leurs prévisions. J’espère qu’il ne s’agit que de science-fiction…


FIN


https://gauthier-dambreville.blogspot.com

https://app.partager.io/publication/gd

Auteur chez L'Harmattan de VarIAtions (IA : le puzzle de notre futur s'assemble)

Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes

4 novembre 2024

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Chroniques vingt-et-unièmes — Un loup pour l'homme — 7 octobre 2024

Chroniques vingt-et-unièmes — Une portée considérable — 14 octobre 2024

Chroniques vingt-et-unièmes — L’ouvrage toujours sur le métier — 20 janvier 2025