Chroniques vingt-et-unièmes — Inventer un autre monde — 30 septembre 2024
Inventer un autre monde
Très bon croissant, rien de mieux pour commencer la journée… Hum, je me demande ce qu’il va advenir de l’offensive sur Koursk. Je pense que l’Ukraine a voulu faire une diversion pour essayer de relâcher la pression dans le Donbass, mais c’est risqué. Pendant ce temps, la Russie continue de grignoter…
Ludovic vient de s’adresser à ses compagnons Jean-Bernard et Charles qui comme lui ont commandé des viennoiseries pour accompagner leur café dans le bistrot du Trocadéro.
— En guerre, tout est risqué, rétorque Charles en reposant sa tasse. Si on ne prenait pas de risques, il ne se passerait rien, ce qui ferait qu’au final il n’y aurait peut-être pas de guerre…
Jean-Bernard fléchit un sourcil. Un monde sans guerre ? De la part d’un ancien militaire, imaginer cela est assez osé.
— Certainement… dit-il. Mais les Ukrainiens savaient peut-être qu’ils combattraient en majorité des conscrits. Beaucoup se sont rendus sans tirer un coup de feu…
— Un manque évident de motivation, reprend Ludovic. Mais il semble que le Kremlin ait trouvé la parade. Il embauche maintenant à prix d’or : 52 000 euros pour un soldat russe la première année ! Et une prime de 120 000 euros pour la famille s’il est tué au combat.
De quoi en effet mettre celle-ci à l’abri de tout souci financier dans un pays ou le salaire minimum mensuel dépasse à peine 150 euros… Et le système fonctionne : 20 000 à 30 000 nouveaux soldats sont ainsi recrutés chaque mois, ce qui compense, aux dires des Américains, les pertes en morts et en blessés estimées au même nombre.
— On peut vraiment parler d’une économie tournée vers la guerre, confirme Jean-Bernard. Mais Poutine redoute l’envoi de missiles balistiques fournis par l’Occident. Il a affirmé que si cela arrivait, la Russie serait de facto en état de guerre contre l’OTAN…
Charles renchérit :
— Volodine, le président de la Douma, s’est montré menaçant. Il a déclaré qu’un missile Sarmat met trois minutes et vingt secondes pour atteindre Strasbourg…
— Oh, c’est le président de la Douma qui a dit ça ! s’esclaffe Ludovic. Je préfère que ce soit quelqu’un qui n’a aucun pouvoir qui le dise plutôt que Poutine qui a tous les pouvoirs. Mais franchement, je suis plus inquiet par ce qui se passe au Moyen-Orient. Après Gaza, c’est maintenant le tour du Liban avec l’élimination de Hassan Nasrallah. Et après, ce sera l’Iran ?
Jean-Bernard soupire :
— Et s’il n’y avait que ça…
Il pense aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient qui occupent avant tout les médias, alors qu’on évoque peu les massacres quotidiens qui ont lieu au Mali, au Niger et au Burkina entre les forces gouvernementales et les islamistes. Ces trois dernières dictatures en date veulent former une « Confédération des États du Sahel », laquelle ne demanderait qu’à se développer en convainquant les pays voisins d’adopter la même gouvernance. Elle aurait certainement beaucoup de chances d’y parvenir.
Et c’est sans parler aussi de la guerre civile éternelle au Congo. Et plus loin ce qui passe en Birmanie où les rebelles grignotent régulièrement du terrain.
Le monde sera toujours le monde, conclut-il intérieurement. Et personne n’a réussi, si ce n’est en rêve, à inventer un autre monde.
FIN
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Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes
30 septembre 2024
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