Chroniques vingt-et-unièmes — De l’audace, encore de l’audace… — 29 juillet 2024
De l’audace, encore de l’audace…
La journée avait pourtant mal commencé avec « l’attaque massive » contre la SNCF, ces « actes de malveillance » sur l’infrastructure TGV, qu’on a qualifiés ainsi dans un premier temps avant d’admettre qu’il s’agissait purement et simplement de sabotages.
Mais elle s’est terminée en apothéose avec la cérémonie d’ouverture des Jeux qui fera date, sans doute, malgré la pluie, dans l’écrin magnifique qu’offre Paris. C’est du moins l’avis de Jean-Bernard qui l’a suivie comme 23 millions de téléspectateurs en compagnie d’Élise et de Quentin. Oui, exceptionnellement avec Quentin qui avait préféré rejoindre ses parents à la maison, n’ayant pas eu envie d’affronter les conditions de déplacement trop difficiles à Paris.
« Une cérémonie qui fera date », une conclusion qui n’est pas forcément partagée – même si la quasi-totalité de la presse internationale a salué la performance. Elle était placée sous le signe de la diversité, des différences… Mais certains y ont vu un désastre, une honte, comme une poignée de politiques français, ainsi que la chaîne américaine Fox News ; d’autres une chance, le meilleur de la France… Encore une affaire de représentation…
Sans parler de ces polémiques stériles… Quand même, aller jusqu’à accuser François Hollande d’avoir apporté la pluie…
De la diversité, ça, il y en avait. Et pour tous les goûts : du rap, de l’électro, du disco, du classique, de la variété…
Mais Jean-Bernard préfère parler de « créativité ». Faire par exemple chanter Aya Nakamura accompagnée de la garde républicaine était assez osé. Voir Lady Gaga toute en froufrous reprendre Mon truc en plume de Zizi Jeanmaire, pas moins. Ou même les évolutions rythmées d’une femme à barbe, qui était en réalité une drag queen… Et la séquence de Philippe Katrine en gros bébé joufflu et tout nu « qui a eu froid et qui a aimé ça », a-t-il ensuite déclaré), recouvert de fleurs et de légumes, peint de bleu, incarnant Dionysos – symbole du vin, de la fête mais aussi de ses excès –, censuré par plusieurs chaînes dans le monde, que Vladimir Poutine et Viktor Orban ont plutôt considéré comme un symbole de la décadence de l’Occident, et qui auraient certainement voulu, cette fois pour de bon, lui « couper le son ».
Mais comme aurait pu le confirmer Danton que l’on s’apprêtait à voir sortir en trombe de la Conciergerie – puisqu’on y a entendu Marie-Antoinette, la tête sous le bras, entonner le Ça ira –, c’était « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ».
Jean-Bernard a également apprécié Juliette Armanet accompagnée sur une plate-forme flottante par Sofiane Pamart au piano, mais regretté qu’elle n’ait pas chanté à pleine voix le Connemara de Michel Sardou, ce qui eût été, par les temps qui courent, un geste de réconciliation nationale.
Comme beaucoup, ils ont été scotchés par cette vasque allumée en duo par Teddy Rinner et Marie-José Perec, aussitôt happée dans les airs par une montgolfière… Elle va planer ainsi durant deux semaines au-dessus de la place de la Concorde. Une référence sans doute (bien qu’aucun commentateur ne l’ait évoqué) au premier vol dans cet engin « plus lourd que l'air » conçu par les frères Montgolfier qui se déroula le 21 novembre 1783 à La Muette, emportant notamment le Dauphin et le physicien Jean-François Pilâtre de Rozier, avant un second essai qui eut lieu aux Tuileries quelques jours plus tard. Il est heureux que la vasque soit bien arrimée. Elle risquerait sinon, avec les vents dominants qui lui sont favorables, de diriger sa course vers la Russie, ce qui serait tout de même une consolation pour ce pays privé comme on le sait de participation.
— Et le bilan carbone des Jeux, tu y as pensé ? a persiflé son fils Quentin.
— Je préfère ce bilan-là à celui de la guerre en Ukraine ou de la guerre à Gaza. Là, au moins, c’est pour la bonne cause…
Il ne reste plus à la France qu’à tenir son rang et engranger des médailles, mais l’essentiel, sans doute, est déjà fait : l’union, l’engouement étaient présents.
Il faudrait que la vie politique soit ainsi, pense Jean-Bernard.
Mais il faut encore de l’audace.
FIN
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Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes
29 juillet 2024
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