Chroniques vingt-et-unièmes — Tordre la réalité — 11 mars 2024


 Tordre la réalité


Benoît n’est pas sorti de sa chambre de la journée. Non par paresse, mais de temps en temps, une envie de s’extraire de la fureur de l’actualité le pousse à ne pas s’éloigner de son lit et à lire des documents et revues qu’il a empilés depuis des mois sur une commode. 

Il repose un dossier d’un air pensif. La Terre est peuplée aujourd’hui de huit milliards d’habitants. Alors que ceux-ci ne devaient pas dépasser quelques dizaines de milliers il y a 50 000 ans. Rien, à l’époque, ne pouvait laisser présager une telle évolution. L’avenir de l’homme était loin d’être assuré. La révolution néolithique est passée par là…

Mais en matière de basse population, on a connu bien pire, selon un article de Science : une équipe de chercheurs chinois et italiens estime qu’il y a 900 000 ans, les ancêtres d’Homo sapiens n’auraient pas compté plus de 1 300 adultes en âge de procréer, une situation qui se seraient éternisée 100 000 ans, un intervalle pendant lequel la menace de l’extinction aurait pesé en permanence.

Cette situation est sans doute liée à un froid glacial qui aurait exterminé il y a 1,1 million d’années en Europe – les données archéologiques et paléontologiques le prouvent – tous les représentants du genre Homo en Europe, laquelle n’aurait été recolonisée que bien plus tard.

Benoît se souvient d’une autre période qui fut très dangereuse. Il y a moins de 200 000 ans, durant un épisode glaciaire, Homo sapiens dut affronter des conditions climatiques extrêmes, et la population de « reproducteurs » chuta à quelques centaines. Des reproducteurs dont nous descendons tous, ce qui explique la faible diversité génétique de l’espèce humaine par rapport à d’autres.

Mais plus intéressant encore, ce qu’il vient de lire dans une deuxième revue : ces cellules primaires – des eucaryotes – qui ont été découvertes au sein d’une roche dans le nord de l’Australie. On les date de 1,6 milliard d’années et on les qualifie de « premiers prédateurs », car elles chassaient les bactéries !

Tout cela, on le savait, mais on en a encore ici un exemple : la vie sur Terre existe depuis des milliards d’années.

Et pourquoi pas ailleurs ?

Cela ramène Benoît au fameux paradoxe de Fermi énoncé au cours d’un déjeuner en 1950 avec des amis : les extraterrestres, d’un point de vue probabiliste, étant très nombreux, pourquoi ne nous ont-ils pas déjà contactés ? C’est aussi la question qu’a récemment lancée Elon Musk dans un tweet qui a enflammé les réseaux sociaux, considérant que l’hypothèse de la non-existence des extraterrestres serait bien plus dévastatrice, car nous ne serions alors « qu’une petite bougie de conscience dans les abysses ».

Mais pour répondre au paradoxe de Fermi, peut-être est-ce fait, peut-être les extraterrestres nous ont-ils déjà contactés. Près des deux tiers des Américains en sont persuadés et soupçonnent leur gouvernement de cacher la vérité à son peuple. Et un avocat américain, Daniel Sheehan, va plus loin. Commentant les allégations d’un ancien officier du renseignement, il affirme que les États-Unis détiennent un vaisseau extraterrestre. Celui-ci serait enfoui en partie dans le sol, mais lors de tentatives pour l’extraire, il aurait changé de forme, ce qui aurait rendu l’opération impossible. Le plus intéressant, cependant, est que ce vaisseau serait en mesure de « tordre l’espace-temps », une propriété illustrée par le fait que le vaisseau en question est grand comme un stade de football, vu de l’intérieur, mais qu’il n’excède pas dix mètres de diamètre à l’extérieur ! Avec, en outre, un écoulement du temps différent de part et d’autre de sa coque. Un homme y serait en effet entré et ressorti au bout de quatre heures alors qu’il ne serait resté selon lui que quelques minutes !

Évidemment, il ne manque pour conforter ces affirmations que des preuves. Mais pour Benoît, cette possibilité de déformer l’espace-temps est attirante, préférant toutefois l’inverse s’agissant de sa chambre : y demeurer des heures, voire des jours, à l’intérieur pour s’adonner à son activité favorite – lire des articles scientifiques –, alors que le temps ne s’écoulerait que de quelques minutes à l’extérieur. 

Et pourquoi ne pas y convier Ludivine ?

Mais c’est peut-être trop demander…

L’intérêt majeur selon lui serait, en limitant le temps à l’extérieur, de s’attarder au minimum sur la guerre en Ukraine, la famine à Gaza et au Soudan, les attaques des houthis, la lutte des gangs en Haïti, le dérèglement climatique, le duel Biden-Trump… ce trop-plein d’événements terribles déversés à longueur de journée sur des individus qui n’ont aucune prise sur eux, ce qui peut expliquer l’augmentation constante des syndromes dépressifs dans les populations occidentales, notamment française où la consommation d’anxiolytiques bat des records.

Paradoxe de Fermi, déformation de l’espace-temps, j’aimerais rester plus longtemps dans ma chambre… 

Ou tordre la réalité…



FIN


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Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes

11 mars 2024

Commentaires

  1. Anonyme17:03

    Paradoxe de dernière heure : plus les dirigeants chinois incitent les femmes ( et les couples) à avoir 2 enfants et maintenant 3 plus la natalité baisse et donc la population chinoise va diminuer conclusion : si l'on veut que la population mondiale diminue il suffit d'imposer à chaque femme d'avoir 3vlire 4 enfants !

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