Chroniques vingt-et-unièmes — Trouver des solutions — 21 novembre 2022


 Trouver des solutions


La COP27 de Charm el-Cheikh  (196 États participants) a rendu ses conclusions, avec 37 heures de retard et maints retournements de situation, des conclusions qui peuvent tenir dans un petit entrefilet. Un accord « décevant », « sans ambitions », « au goût amer » selon les critiques. Fallait-il s’attendre à plus de résultats ? Quentin l’espérait. Il s’intéresse peu à l’actualité, mais il a suivi celle-là sur Twitch. Lors de cette conférence, on a connu l’éternel débat entre pays du Nord et pays du Sud. Certains parmi ces derniers, avant même toute discussion, réclamant une compensation pour le passif laissé par les premiers. Les Européens et les États-Unis ne saccagent-ils pas le monde depuis la révolution industrielle du XIXe siècle ?

Ils ont au moins, à l’arraché, obtenu satisfaction sur ce point-là : un fonds d’indemnisation, un « fonds pertes et dommages », au profit des pays émergents dits « vulnérables » va être créé, abondé par les pays riches (qui s’étaient déjà engagés en 2009 à verser 100 milliards de dollars par an, au plus tard en 2020). Les sceptiques ne pourraient y voir qu’une décision de principe, car reste à déterminer exactement quels pays vont donner, lesquels vont recevoir, et pour quel montant. Avec quelques questions annexes à régler. Par exemple, la Chine, deuxième puissance économique mondiale avec un PIB d’environ 15 000 milliards de dollars, doit-elle toujours être considérée comme un pays émergent ? Heureusement, on s’est accordé un délai d’ici la prochaine COP qui se déroulera en 2023 aux Émirats pour fixer les modalités de ce fonds.

L’objectif « ambitieux » de la COP21 de Paris de limiter le réchauffement à 1,5 °C est par ailleurs maintenu. Cela ne prête pas à conséquence puisqu’on sait déjà depuis un certain temps que cet objectif ne pourra pas être atteint. C’est plus un étendard que l’on porte droit devant soi, un symbole, un affichage politique. L’abandonner serait renoncer, voire clamer qu’il n’y a plus d’efforts à fournir.

Et les énergies fossiles ? On conserve la diminution progressive de l’emploi du charbon mentionné lors de la dernière COP26 de Glasgow, mais on n’y intègre pas le gaz et le pétrole, malgré la pression de l’Inde qui se sent montrée du doigt pour sa dépendance à la houille. Il faut dire aussi que les monarchies du Golfe ont bien aidé au statu quo. Beaucoup d’ONG réclamaient la disparition pure et simple de toutes les énergies fossiles alors que celles-ci assurent encore 85 % des besoins de la planète. Elles dénonçaient par ailleurs la participation à la COP des entreprises œuvrant dans ce secteur, horrifiées de surcroît par la présence des « lobbies pétroliers ».

Quentin approuvait ces critiques. Pourtant, lui a dit Jean-Bernard, « c’est comme si on demandait à un prévenu de ne pas assister à son procès, et de ne même pas recourir à un avocat ».

Le pays organisateur, l’Égypte, a affiché son désarroi devant de si maigres avancées. Il n’est cependant pas le mieux placé pour montrer l’exemple, dépendant presque exclusivement de ces énergies fossiles. Il suffit de se rendre au Caire pour constater l’engorgement de la circulation automobile et le ballet des grosses cylindrées des tenants du pouvoir. Et sur un autre plan, la montagne de déchets en tous genres qui prospèrent un peu partout, dont une partie non négligeable va coloniser le Nil pour se déverser dans la Méditerranée, devrait donner des sueurs froides à tous les écologistes occidentaux qui dénoncent « l’océan plastique ». Qu’attend donc le pays pour investir dans le photovoltaïque en exploitant l’énorme potentiel que représente l’immense étendue de désert dont il est pourvu, couvrant pratiquement 99 % de sa superficie ? Quentin se souvient d’une étude à propos du projet Desertec, initié dans les années 2000, et suspendu ou abandonné depuis : si on équipait en panneaux solaires 0,5 % de la surface aride de la planète (40 millions de kilomètres carrés), on fournirait la totalité de l’énergie qu’elle consomme. 

Bien sûr, le calcul est complètement théorique et évacue le problème des populations, qui même si elles sont peu nombreuses, habitent dans ces zones. Mais il suffirait que chaque pays abritant ces déserts entame la démarche, au moins pour subvenir à ses besoins. 

Pourquoi les nations n’arrivent-elles pas à s’entendre ? 

—  Ah ! Si tous les gars du monde… lui a répondu Jean-Bernard à qui il en a parlé. Dans une famille, on a du mal à s’entendre, alors au niveau d’un pays, et à l’échelle du globe… 

D’accord, d’accord, chaque pays n’agit que pour lui-même, que pour ses intérêts particuliers, ça Quentin le sait, mais n’est-ce pas justement le moment de changer ?

—  Et comment fait-on ? lui a rétorqué encore son père. Si tu trouves la solution…

Trouver des solutions ? C’est déjà suffisant de soulever les problèmes !


FIN


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Gauthier Dambreville - Chroniques vingt-et-unièmes

21 novembre 2022

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